Hiver : Le 3 février : La fête du Sètsubun 節分, ancien nouvel an japonais

Publié le par Kansaijin

Setsubun 節分,  signifie littéralement la "coupure des saisons". En effet, autrefois, les passages d'une saison à l'autre étaient fêtés, et il n'a été gardé aujourd'hui que celui de l'hiver au printemps, le 3 février, qui représentait aussi la nouvelle année.

A cette occasion, de la maison, il faut chasser à l'extérieur le mal, représenté par le diable (O ni), et appeler le bonheur (Fuku) à l'intérieur. Alors, il est de tradition de lancer sur et par les fenêtres, la porte, ainsi que sur le père de famille qui aura arboré un masque de diable, des fèves de soja grillés, en disant : O ni wa soto, Fuku wa utchi (dehors, le diable! dedans, le bonheur!).

Des évènements sont également organisés dans les écoles maternelles où les enfants lancent ces haricots secs sur quelques enseignants déguisés en démons. Je reste sur ma réserve, car certains petits se retrouvent en larmes vraiment terrorisés. Je me souviens que ma fille en avait été traumatisée quelques jours... même si les protagonistes avaient fini par retirer leur masque.

Mais j'ai bien aimé la chanson qu'elle avait apprise: 

Je m'étais interrogée à propos de la présence de ces "fèves"... Parce que, c'est drôle, en France, de vraies fèves étaient aussi introduites autrefois dans nos galettes des rois! La raison symbolique en était la vertu nourrissante de cet aliment riche en protéines notamment, et aussi le fait que le haricot soit le premier légume à pousser après le froid de l'hiver. A 10000 km d'intervalle, la fève a donc pris la même symbolique, celle de chasser le mal, les maladies!

Le diable est masculin, et le bonheur féminin, représenté par une femme, beauté d'antan au teint blanc et aux grosses bas-joues!Le diable est masculin, et le bonheur féminin, représenté par une femme, beauté d'antan au teint blanc et aux grosses bas-joues!

Le diable est masculin, et le bonheur féminin, représenté par une femme, beauté d'antan au teint blanc et aux grosses bas-joues!

A l'occasion de la fête du Sètsubun, Il s'agit aussi, pour chacun,  afin de préserver sa santé pour l'année, de manger en une fois, un nombre de ces fèves de soja grillées au goût fade, sec et farineux, équivalent au nombre d'années vécues, plus celle en cours. Ainsi, si l'on a 20 ans, on en mange 21! Plus on vieillit, plus on a donc besoin de nutriments! (Toutefois, comme pour les cacahuètes, pas conseillés aux bébés et petits enfants).

Hiver : Le 3 février : La fête du Sètsubun 節分, ancien nouvel an japonais

Il existait aussi une autre tradition que l'on trouve encore, mais beaucoup plus rarement aujourd'hui, celle, grotesque et burlesque, d'empaler une tête de sardine sur un bâtonnet fiché à l'extérieur, à côté de la porte d'entrée des maisons! L'objectif serait de décourager tout démon d'y entrer, celui-ci repoussé par l'odeur nauséabonde qui s'en dégage! Encore une fois, je me demande si cela ne dissuade pas, par la même occasion les bons esprits!? Ou s'agit-il paradoxalement encore de faire "fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve" comme le chante Jane Birkin? Bref, on peut apercevoir de ces curieux montages, en ville quelquefois, mais surtout sur les vielles fermes, à la campagne...(non, je ne mettrai pas de photo!).

Beaucoup plus récemment, les commerçants du Kansai ont répandu à travers le pays cette coutume de manger un Ehô-maki, (ces barres de riz roulé entourées d'une feuille d'algues Nori et fourrées de poisson, légumes, oeufs...,) d'une traite, sans prononcer un seul mot, le corps tourné vers la direction de bon augure de l'année.

Vente de Ehô-maki à OsakaVente de Ehô-maki à Osaka

Vente de Ehô-maki à Osaka

Et, un peu partout, dans le froid des temples et sanctuaires, ont lieu des évènements ("Ibènto", de l'anglais "event") sur le thème. Si vous êtes au Japon, renseignez-vous sur ceux les plus proches de chez vous. Parfois sont aussi organisés des lancers de Mamé (fèves) comme on lance les bonbons du carnaval, avec toutes les précipitations sauvages et jeux de coudes que cela implique!

Ci-dessous, assez impressionnant, dans une ambiance particulière qui effraye bien sûr aussi les plus petits, au son de conques, la danse des O ni (On dit que ceux-ci seraient gentils!)  au sanctuaire Nagata Jinja, à Kobé. Ces "pauvres diables", seraient obligés, le matin, d'aller se purifier en se baignant dans les eaux glaciales du début de février de la plage de Suma, pas très loin!

Hiver : Le 3 février : La fête du Sètsubun 節分, ancien nouvel an japonais
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Hiver : Le 3 février : La fête du Sètsubun 節分, ancien nouvel an japonais

Voilà, encore un évènement culturel qui marque les années japonaises.

Kansaijin

 

✳︎ Cette fête a lieu, en principe, le 3 février, mais aussi très exceptionnellement le 2, comme en 2021.

Publié dans De saison & culture

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M
Merci pour cet article sur une des coutumes japonaises. Dommage une belle photo de tête de sardine embrochée aurait pigmenté la présentation. Pour les mauvais esprits ils sont souvent caractérisés par leur côté ignare, je pense entre autre aux temples bouddhistes, mais pas seulement, ou une simple planche basse à l'entrée suffit à les empêcher de pénétrer. Cela me fait penser aux enclos paroissiaux bretons qui ont se type de piège. Mais dans ce cas cela s'appelle des échaliers et empêché les animaux d'entrer. Bon je m'égare. Kenevo !
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K
:)