Les CHRONIQUES de KANSAIJIN 2

Publié le par Kansaijin

Les CHRONIQUES de KANSAIJIN 2

Le 12 octobre 2017 

Voilà, encore une journée en T-shirt, et, comme toujours en cette saison, l'air doux imprégné de ce délicieux et ennivrant parfum de fleurs Kinmokusei (voir article) . Je l'aime aussi, le soir, porté par l'air un peu plus frais, jusqu'à mon balcon, au clair de lune.

De la mi-août à la mi-septembre, en compagnie de ma fille, j'ai à nouveau fait mon voyage annuel nécessaire en Europe, en confortable immersion parmi mes semblables et dans ma langue. Comme nous avions atterri à Zürich, nous sommes restées deux jours en Suisse. C'était charmant. Les Alpes, ça faisait si longtemps. Je crois que pour moi, ce sont les plus belles montagnes du monde! Et dire que j'habitais à proximité et que je suis partie si loin! Je suis bien sûr allée en Alsace et en Allemagne, rendre visite à ma petite famille, et on est allées au Portugal, où je rêvais d'aller depuis longtemps, passer de "vraies vacances", comme nous l'entendons généralement en France, avec des tongues moelleuses aux pieds qui font clap clap sur les talons, des vêtements légers, des maillots de bain, la mer, de l'eau, du soleil, des petites villes animées, de la musique, des petites terrasses conviviales, de la détente, l'amusement, la danse, et quelques visites bien sûr. Très bien. Le Portugal, avec ses "pastels de nata"(tartelettes aux oeufs et à la crème), son mélacolique et émouvant fado, ses maisons blanches remplies de cheminées décoratives, ses céramiques Azulejos bleues qui apportent leurs dessins de fraîcheur sur les murs, sa côte rocheuse, ses plages avec leurs vendeurs ambulants de "berlina bolinas" en faisant sonner leur clochette... "Berlina bolinas"... des glaces? du poisson? des boissons? Non, de gros beignets comme on mange à carnaval, remplis de crème pâtissière, tout simplement des boules de Berlin, qui sont devenues une spécialité des plages portugaises de l'Algarve!

Comme j'habite au Japon, il est intéressant de savoir que le pays a bénéficié, au cours de son histoire, d'une infulence portugaise non négligeable, depart le port de Nagasaki, tout à l'ouest de l'île de Kyushu. Il y a le biscuit Castella, la Tempura, ces fritures de légumes devenues maintenant un grand classique des spécialités culinaires japonaises. Ce que j'ai trouvé le plus amusant au Portugal, est que le piment rouge s'appelle: Piri-piri, C'est écrit sur les paquets. Au Japon, Pili-pili (parce qu'ils ne savent pas prononcer le "r"), est une onomatopée qui signifie que le goût est piquant! J'avais toujours cru que c'était japonais!

Ci-dessous l'article de Wikipédia qui donne une bonne synthèse de l'influence portugaise au Japon. Beaucoup de Japonais s'intéressent d'ailleurs au Portugal et ont très envie d'y aller. Il y en avait donc pas mal à Lisbonne. Par contre, en Algarve, je n'ai pas vu UN asiatique. Il faut dire qu'il n'y a rien là-bas de classé à l'UNESCO.

Voilà, et on est revenues au Japon, chez nous, après avoir survolé les Alpes enneigés, la mer Noire comme un grand miroir argenté, de fantastiques étendues et paysages de nuages cotonneux aux lueurs changeantes du soleil. Ces paysages défilant sous nos ailes sont encore, pour moi, les meilleurs films à voir dans un avion! Nous avons quitté l'automne froid, gris et pluvieux d'Alsace, cet air si drôlement familier de rentrée des classes que je n'aimais pas, qui m'a fait voyager dans le temps, vers mon enfance, avec ses marrons ronds sur le sol mouillé... pour atterrir dans cette magnifique arrière-saison japonaise. Vannées par le décalage horaire et le mauvais sommeil aérien, mon homme nous avait préparé à manger, les fenêtres ouvertes sur sur le chant lumineux des cri-cris dans la nuit, tels des scintillements d'étoiles.

La France, j'ai besoin de la France (même si elle n'a certainement pas besoin de moi), mais pas de ses incivilités, C'est incroyable ces vendeurs qui téléphonent devant les clients qui attendent, et même pendant qu'ils servent et font payer, tout en parlant, complètement surréaliste, et aussi ces attitudes et sorties verbales de folles furieuses (allemandes en vacances aussi)...  ses trains aux vitres sales qui grincent et où il faut monter deux marches avec les valises pour y accéder... Je ne sais pas si je peux employer ce mot, où si c'est parce que j'habite dans l'ultra-moderne Japon, mais j'ai la désagréable impression que l'Europe se 'tiers-mondise", ou stagne, même si les gens ont des smartphones...Chapeau au Japon tout de même! Il y a si rarement de heurts au quotidien, et les transports en commun sont si fonctionnels et si propres. Je suis entrée dans une supérette Konbini. Trois personnes faisaient la queue à la caisse. Tout de suite un vendeur de la remise a été appelé pour en ouvrir une autre. J'ai attendu moins d'une minute pour me faire servir et l'on m'a même dit "O matasé shimashita" (Pardon de vous avoir fait attendre). C'est comme ça ici. Le contraste est frappant par rapport à la France. Et ça fait des quotidiens plus "zen" je trouve.

Ca m'a fait sourire quand un Français m'a dit, au Portugal "Ah, au Japon, avec vos toilettes "du futur"! Il parlait de nos Washlets à lunette chauffante à température règlable, à jet bidet et jet entre les fesses. Mais ces spécimens ont plus de 20 ans maintenant, se sont beaucoup banalisés. Maintenant prèsque tout le monde en a un chez soi, et ils servent aussi de plus en plus souvent de toilettes publiques. Ils ont même encore évolué: le couvercle s'ouvre automatiquement, et la chasse se tire toute seule aussi grâce à des senseurs, donc pas de problème en cas d'oubli. Qu'inventer de plus?... Je ne vois pas... ah si, l'auto-nettoyage, et auto-désodorisant, ce serait bien. Je pense que ça ne devrait pas tarder!

Sinon, c'est la saison des Sudachi, ces petits agrumes verts subtilement parfumés. Oui, le Japon regorge de variétés d'agrumes. J'en presse dans mes jus de fruits, de légumes pour les ensoleiller, j'en mets sur le poisson, j'en râpe sur mon tofu, sur mes pousses d'ail sautées...

J'ai bien sûr retrouvé mes sympathiques étudiants toujours aussi amoureux de la langue française, mais toujours incapables de mettre des articles devants les substantifs, et de faire des phrases "qu'ils appellent : fraises". Ils arrivent par exemple en lançant des "chaud, chaud" ou "foid foid", au lieu de dire : IL FAIT froid, ou chaud. Et ce n'est pas faute, depuis 3 ans, de leur avoir fourni des explications insistantes!  C'est parce qu'en japonais, un adjectif tout seul peut servir de phrase!

L'une d'elles, en me racontant son week-end à l'île d'Awaji, m'a dit "Il y a bonne bouffe". J'ai été très surprise de cette spontanéité, et qu'elle connaisse un terme aussi familier, mais en creusant, je m'aperçois que ce n'est pas ce qu"elle voulait dire, qui était: bon boeuf. Quasi impossible pour les Nippons de faire la différence entre les sons ou, oeu et u. Alors elle m'a demandé comment l'on prononçait: buffet. On là làaa, dans quoi je m'étais embarquée!

A bientôt!

 

 

 

 

Le 18 août 2017

Pluie de chants de cigales le matin vibrante d'énergie, plus soft en fin d'après midi et en soirée. Je les adore, même si je les aime moins dans ma cage d'escalier ou sur mon perron lorsque je vais sortir les poubelles. Elles me font peur, quand l'une d'elles posée comme un gros jouêt gris, panique comme une folle à la moindre approche et décolle subitement dans un vol incontrôlé, heurtant les murs dans tous les sens, avec le grattement strident de ses ailes "grrbizzzz". Je passe alors très vite sur la pointe des pieds, la contournant le plus largement possible, ou alors, tout simplement, je prends l'ascenceur! En marchant aussi, dans les quartiers verdoyants, lorsque je rase un buisson de trop près, elles déboulent comme de petites fusées, jusqu'à 20cm de mon visage. Non merci! Surtout que, de peur, il leur arriverait de lancer sur leur passage un jet d'urine comme les calmars leur jet d'encre!

Le climatiseur fait maintenant partie intégrante de notre vie, même la nuit. Sortir est devenu une épreuve aventurière sous le ciel bleu, et c'est, écrasés de chaleur, un film moite couvrant le corps, la goutte chatouillante qui s'écoule le long de la colonne vertébrale que nous arrivons à la gare à 6-7 minutes de chez nous. Du guichet ouvert on peut juste profiter d'un petit nuage d'air agréablement frais agrémenté de parfum gris de fumée de tortillon à moustiques lorsqu'on passe devant. Ce que j'apprécie aussi, c'est quand, ramollie, avachie par l'une de ces petites expéditions caniculaires, le frais vivifiant nous prend en entrant dans les magasins. Dommage que celui-ci tourne vite au trop froid. C'est pourquoi, pour faire mes courses, je suis toujours équipée de mon pull, avec lequel je me couvre, surtout les épaules et la poitrine pour éviter le, relativement fréquent, rhume d'été au japon. Et, lorsque je ressors, j'aime me délecter des premières secondes, où la chaleur un peu humide du dehors se pose sur ma peau refroidie et m'enveloppe de son agréable douceur. Petits plaisirs d'été!

Le 5 août ont eu lieu les grands feux d'artifice de Kobé, au dessus de la mer, où je suis allée accompagnée de mon mari! Cela faisait longtemps! Est-il bien nécessaire de préciser que c'était magnifique...Non, mais le terme apporte une belle image. Ce que j'ai ressenti d'extraordinaire lors de ce spectacle de plein air en cette chaleur moite où papillonnaient les éventails, était de me trouver sur la même vague que les Japonais autour, le même mouvement, les mêmes émotions, le même élan, tous au rythme de ces explosions vibrant en nous, suivies de leur instant de suspens, avant que dans le ciel nocturne n'éclatent ces immenses fééries de couleurs exaltant nos aaaAAAH, oooOOOOOH de profonds émerveillements. Oui, se trouver en phase de cette manière avec les gens au Japon, c'est vraiment exceptionnel. Et j'en ai été émue, prèsqu'autant que par les majestueuses, immenses fleurs de lumière du ciel, les jets et cascades de poudre d'or, les pluies d'étoiles, les coeurs...

☆ "Feux d'artifice" se dit en japonais : 花火 Hanabi = feux en fleurs

Pour rentrer, la ville s'était transformée en une vraie fourmillère, avec des rivières compactes de gens, de filles en Yukata fleuri (kimono d'été léger), sur les ponts piétonniers, les trottoirs, les passages piétons... En contournant les embouteillages à pied (phénomène que je n'ai expérimenté qu'au Japon!) nous étions étonnés d'avoir pu circuler relativement normalement, et pu prendre un train non transformé en boîte de sardines où les portes ont du mal à se refermer aplatissant quelques épaules, joues... Oui, c'était assez cool, et nous avons même pu nous asseoir. Et, à deux gares de chez nous, d'entre les chaussures du monsieur en face, que vois-je sortir? Un mini cafard, ... non, un pince-oreilles! Je crois bien que c'était le premier que je voyais au Japon! Ah, me dit mon mari, vous dites ça en France pour ces bêtes? Et, poursuivant d'un ton docte "Parce qu'en japonais, on dit "Tchinko basami" (pince bXte)!" En rentrant je demande confirmation à ma fille qui dit : Ah oui, nous à l'école on dit "O tchin-tchin kili mushi" (l'insecte coupe zxzi). Plutôt rigolo non? Il parait qu'autrefois, on trouvait surtout ces bestioles dans les toilettes. Ce doit être la raison de cette appellation!

 

C'est l'été, la chaleur n'arrange pas les sorties surréalistes de mes étudiants.

-Je leur dis qu'en France, l'école pour les petits s'appelle maintenant : école enfantine. Oh, me dit un monsieur il y a un rapport avec le jet d'eau? Sidérée je lui demande des explications... Oui, me dit-il, vous dites comment déjà "fantine", fontine"?  Soudain je comprends, il veut dire "fontaine"!!!!!!!!

-En étudiant les pièces de la maison. Devinette : quelle est la pièce où l'on prépare les repas? Je répète plusieurs fois en articulant autant que je le peux. La dame me regarde des points d'interrogation plein les yeux. Rien à faire. J'écris la phrase. Une lumière vive s'allume chez elle et elle me dit "Aaaaah je n'avais pas compris, j'ai entendu Yôloppa" ☆Yôloppa : c'est comme ça que les Japonais appellent l'Europe.

L'Europe oui, j'en ai besoin. La France, elle est en moi, et c'est avec le temps et le recul à 10000km que je l'ai réalisé! Et là, je vais bientôt y rentrer pour mes vacances vitales et annuelles! A la bonne heure! Enfin de nouveau en phase (de manière générale bien entendu) avec les gens! Vive la France et le français!

Ganbatte le Japon! On se retrouve en septembre!

Kansaijin

 

En ce moment, c'est la saison des Biwa, qu'on appelle bibas à la Réunion, ces nèfles des pays chauds. Une consistance assez dure avec un goût, on va dire d'abricot acidulé et pas trop sucré. Fin et rafraichissant.

En ce moment, c'est la saison des Biwa, qu'on appelle bibas à la Réunion, ces nèfles des pays chauds. Une consistance assez dure avec un goût, on va dire d'abricot acidulé et pas trop sucré. Fin et rafraichissant.

Le 19 juin 2017

Bonjour mes amis, mes abonnés et les passants! Me revoilà pour mes chroniques.

Aaah, l'été, mes poignets commencent à coller sur la table sous mon clavier en pianotant ce message. J'ai ouvert toutes mes fenêtres afin de ventiler ne serait-ce qu'un peu la lourde chaleur ensoleillée d'aujourd'hui. Il fait 30 degrés dans mon salon rideaux fermés. Le rossignol chante encore sa mélodie pittorèsque dans les arbres épais frissonnant à peine sous le vent léger.

 

Cette année, la saison des pluies, qui a débuté le 7 juin, s'est annoncée par un déluge et une journée infinie de pluie battante. Puis, des ciels bleus "de Provence" avec des soirées juste agréablement fraiches, où j'ai profité de mon balcon un peu fleuri, pas trop pour rester "zen", où j'ai posé des hibiscus jaunes et orange, des volubilis bleus comme la mer que j'ai fait grimper le long de ma fenêtre et dans les branches de mon petit olivier. Et aujourd'hui ça y est, c'est l'été, le vrai, le chaud, l'écrasant qui s'installe... Nos ventilateurs et climatiseurs vont se mettre au travail. Leur saison débute. J'ai sorti les fines couvertures-serviettes bleu ciel pour la nuit.

Même s'il fait beaucoup trop chaud, que beaucoup de femmes, et c'est de pire en pire, s'emmitoufflent dans des tissus noirs, foncés, sans formes jusqu'aux yeux, et qui parfois ressemblent à Star Wars (voir mon articles sur les styles d'été), que ça me déprime assez, j'aime l'été, pour son intensité, car il contient, il foisonne, il fleurit de cette intense énergie de vie, de maturité et de joie. Du vert, des fleurs qui éclosent partout , dans le moindre interstice. Les hortensias sont magnifiques de leur bleu éclatant ; les gardénias blancs, crémeux embaument de leur parfum de rêve, ...

 

Alors, depuis mon dernier article... J'ai participé à une émission télévisée, où nous étions un petit groupe d'étrangers à vanter les mérites de la région où nous habitons, le Kansai. Oui, c'est vrai, et je le leur ai dit : je ne voudrais habiter nulle par ailleurs au Japon. C'est un fabuleux cocktail d'anarchie ludique de l'immense Osaka, de berceau de la culture, et de la beauté traditionnelles de Kyoto, avec ses magnifiques temples et jardins, et de l'élégance à connotation occidentale de Kobé entre mer et montagne, avec l'air marin de son port. Oui, et aussi, lorsque je rentre de Tokyo, où je me déplace quelquefois, je ne saurais très bien l'expliquer, mais je trouve le Kansai plus lumineux, plus chaleureux, plus solaire... J'ai pu réaliser une expérience Sumo au fin fond de la campagne de Nara, sur un ground d'entrainement de véritables Sumos, dans un endroit appelé Kehayaza. Nous avons parlé aussi du poivre Sansho de la préfecture de Wakayama. Les grands chefs cuisiniers et pâtissiers français ont découvert, effectivement, cette délicate saveur fraiche piquante comme si un léger nuage électrique infiltrait notre bouche. Ils l'utilisent pour le poisson, bien sur, mais en parfument aussi le chocolat, les macarons... Nous avons goûté à ces fameux chocolats sur le plateau. Très fin et... intéressant que cette douceur crémeuse qui laisse place peu à peu à des pointes de fraicheur agrumées. Les Japonais du plateau les trouvaient très bizarres, ayant du mal à associer ce goût trop connoté Unagi (anguille grillée) avec le chocolat.

Sinon, j'ai mon boom Youtube pour les recettes de cuisine, notamment celles qui utilisent des ingrédients japonais et qui sont commentées en français. Merci. Il faut dire, sincèrement, que de lire, écouter et parler le Japonais, cette langue aux antipodes de la notre, à longueur de temps me sort par les ... narines on va dire. C'est épuisant. Oui, même après tant d'années pour moi. Peut-être suis-je un cas rare...

 

Et, comme parfois, l'une de mes étudiantes m'a demandé de lui conseiller un nom sympathique en français pour le nouveau café que son fils va ouvrir à Kobé. Oui, dans cette ville très connotée "parfum d'Occident", exotique pour les Japonais, il est très élégant de nommer les cafés, restaurants dans notre belle langue. "Vous savez Sensèi (professeur), me dit-elle, ce n'est pas une pièce énorme, c'est tout petit, et il voudrait une ambiance conviviale, familiale où l'on se sente chez soi, avec une note de style, d'élégance.. Il voudrait faire l'intérieur tout en bois, où il servira le très bon café qu'il sait préparer, ainsi que des crêpes, sa spécialité. Il cherche un nom... qui évoque tout ça. Vous avez une idée?".

Tout de suite, il me vient à l'esprit quelque chose de simple, avec des mots français que les Japonais connaissent bien et pas trop difficiles à prononcer, évoquant pour moi un endroit petit, simple et symathique : Le petit café. Elle semble enchantée et s'en va en parler à son fils.

La semaine suivante, elle m'interpelle dans le couloir avec un air dépité. "Je suis vraiment désolée Sènsèi, parce que le nom de café que vous aviez proposé n'a pas plu à mon fils." Oh cela ne me surprend pas, j'ai l'habitude."Vous savez, dit-elle, pour les Japonais, les articles"le"ou"la"donnent une connotation trop "jeune fille". Or, mon fils voudrait attirer TOUS les gens, quelque soient leur sexe et leur âge. Vous comprenez? ""Non". Elle poursuit "Il compte finalement l'appeler: Alutché"Je ne comprends absolument pas le sens de ce mot qu'elle me certifie français, répétant le mot avec tous les accents qu'elle est capable de produire, de grands gestes des bras, jusqu'à ce qu'elle me l'écrive : Arche. Je lui dis que ça ne se prononce pas comme ça. Ca ne fait rien. Son fils aurait choisi ce nom pour plusieurs raisons à mon sens assez incongrues, mais l'essentiel est bien entendu que cela lui plaise à lui, le tenant du café. Alors, d'abord, comme il est de confession chrétienne, il voulait quelque chose de biblique. Il a donc pensé à l'Arche de Noé, et, étant donné que tout sera en bois... Personnellement, je verrais plutôt quelque chose en rapport avec des animaux, un zoo... mais bon... Et pas question donc, d'y apposer un article défini comme: L'Arche. Ensuite, le monsieur s'appelle Akira et souhaitait aussi quelque chose évoquant son prénom. Mouais. Je lui ai alors demandé "pourquoi pas tout simplement : Café chez Akira?". "Non non, c'est très ringard ça". Ah! Bon. Toute cette logique japonaise me semble bien tirée par les cheveux, tout comme ces jardins que je viens de visiter où des rochers quelconques étaient censés représenter des tigres traversant une rivière, et d'autres une grue et une tortue, mais, enfin, l'essentiel est que cela leur parle à eux, avec leur structures de codes et d'images qui diffèrent totalement des notres, nous Occidentaux. Elle se confond en excuses. Mais qu'elle ne s'inquiète pas, ça ne m'étonne vraiment pas du tout. Les gens ne prennent JAMAIS les noms que je leur propose. Les japonais ont adopté et utilisent notre langue à leur sauce, c'est comme ça! Même si souvent, on en reste comme deux ronds de flan!

C'est comme ce salon de coiffure qui s'appelait Mont Rose (prononcer : Monnto Lozè) parce que le tenant... aimait le vin rosé! Et cet autre, une chaine, qui s'appelle : Verge(!?), écrit en grand sur les devantures (prononcer: bèludgè). Je me demande bien ce que peut aimer le patron pour le motiver à baptiser ses salons ainsi... Non, quand même pas!! Ce doit sans doute être quelque chose de tout à fait innocent, comme toujours! Bon, allez, on ne va pas s'étendre sur le franponais, on pourrait en écrire une encyclopédie. Je vais m'arrêter pour aujourd'hui.

Bel été à tous!

Kansaijin

 

 

Le 10 mai 2017

Voilà, les élections présidentielles sont terminées. Je suis allée voter au bureau de l'Institut franco-japonais de Kyoto, après cette campagne riche en rebondissements que j'avais suivie. Les principaux candidats nous avaient envoyé, à nous, Français de l'étranger, des courriels, parfois des vidéos pour nous interpeller. Je suis heureuse qu'ils ne nous aient oubliés.  "Vous êtes le rayonnement de la France à travers le monde", ont-ils dit. Une grande part de raccolage bien entendu, mais j'avoue que cela m'a portée, moi qui, même si je poursuis ma route, essayant de me réaliser au maximum du possible le plus positivement que je le peux, ressens tout de même parfois quelques passages à vide, me demandant ce que je fais ici...

Comme à chaque début avril, je suis allée voir les fleurs de Sakura en retard de plus d'une semaine ce printemps. Du jamais vu depuis que je suis au Japon. Aaah, ces nuages, ces volutes de fleurs tendres, caresses pour les yeux, léger parfum à peine perceptible... Chaque année je réalise combien tout cela est saisissant de beauté! Des fenêtres des trains parfois, on voyait défiler des dizaines d'arbres en pleine floraison, c'était magnifique! Et la plupart des gens assis sur les banquettes restaient les yeux rivés sur leur smartphone...

Je suis allée pour la première fois cette année voir les cerisiers en fleurs du bord de la rivière Yodogawa, à Osaka, avec ses "bateaux-mouches" très prisés à cette époque. Avec une bonne amie japonaise, nous avons beaucoup parlé, marchant, buvant une bière dans une petite gargotte de plein air face à la rivière. Elle était très ennuyée de DEVOIR aller voir un match de base-ball avec son mari et ses beaux-parents passionnés par ce sport.Son billet avait été acheté sans lui demander son avis alors qu'elle n'aime pas le base ball, et le temps passé avec ses beaux parents relève de la corvée. Pour elle, ce sont des mauvais moments à passer en serrant un peu les dents et en se forçant à sourire, quelque chose qu'elle leur doit, de l'honorable "gaman"(persévérance, sacrifice) qui ferait partie du rôle de la O Yomé-san (femme du fils). Non, il serait mal venu de parler de ces dispositions négatives à son mari. La démocratie dans le couple ne semble pas exister au Japon! Faire semblant, le déni de soi pour faire plaisir, une preuve d'amour parait-il...Et cela me rappelle une autre amie, à Nagoya, japonaise aussi, qui ne supporte pas sa belle-soeur qui s'invite très souvent arbitrairement chez elle. Et, non, surtout, son mari ne doit pas le savoir. Il lui en voudrait! Sa femme n'a pas le droit d'éprouver quelque sentiment négatif envers sa soeur qu'il adore. Elle a même peur qu'il ne la quitte pour cela! Personnellement, j'y vois un grand manque de considération envers la personne censée être un partenaire de vie...! C'est incroyable! Mais c'est comme-ça, me dit-on. Il paraitrait que j'échapperais à ce schéma parce que je suis une Gaijine, une Occidentale!

K, la cinquantaine, me dit qu'elle adore Edith Piaf. Je la trouve tout de même un peu jeune pour ça mais... "Dieu réunit ceux qui s'aiment". Cette phrase de la chanteuse la touche particulièrement, parce qu'au Japon, l'"amour" est une notion tellement surréaliste!

Voilà, et, dans un magasin à 100 yen (un peu moins d'un euro aujourd'hui), comme on en trouve énormément au Japon, j'ai trouvé un ustensile de cuisine génial. Je ne sais pas comment l'appeler, mais il permet de laver le riz et de filtrer l'eau ensuite sans en perdre un grain et tout cela SANS SE MOUILLER LES MAINS!

 

 

 

Voilà à quoi il ressemble. On lave d'abord le riz avec son extrémité, chose que l'on fait d'habitude en écartant les doigts et en faisant pivoter énergiquement la main, puis on jette l'eau, et là, la barrière du milieu bloque les grains qui pourraient s'échapper!Voilà à quoi il ressemble. On lave d'abord le riz avec son extrémité, chose que l'on fait d'habitude en écartant les doigts et en faisant pivoter énergiquement la main, puis on jette l'eau, et là, la barrière du milieu bloque les grains qui pourraient s'échapper!Voilà à quoi il ressemble. On lave d'abord le riz avec son extrémité, chose que l'on fait d'habitude en écartant les doigts et en faisant pivoter énergiquement la main, puis on jette l'eau, et là, la barrière du milieu bloque les grains qui pourraient s'échapper!

Voilà à quoi il ressemble. On lave d'abord le riz avec son extrémité, chose que l'on fait d'habitude en écartant les doigts et en faisant pivoter énergiquement la main, puis on jette l'eau, et là, la barrière du milieu bloque les grains qui pourraient s'échapper!

A bientôt!

Kansaijin

Publié dans Chroniques

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L
C'est toujours sympa de te lire. J'attends toujours tes prochains articles qui me font voyager et retrouver le Japon où j'ai passé quelques semaines et que j'ai adoré. Bisous de France !
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