Chroniques: Le 4 septembre 2018

Publié le par Kansaijin

Bonjour

Voilà, l'été est passé en un éclair, comme toujours, et me voilà, depuis quelques jours, revenue de mes vacances en Europe, à peine sortie de ma convalescence induite par le méchant décalage "horreur"d'un long voyage vers l'est.

Un typhon venait de passer et j'ai retrouvé mon balcon rempli d'un désordre de feuilles et de fleurs tombées, et déjà, nous a-t-on annoncé la venue d'un autre, "le plus gros depuis 25 ans" qui viendrait balayer de plein fouet notre région du Kansai en ce mardi 4 septembre. Hier, je range donc mon grand balcon, mets fleurs et arbres à l'abri, plie mes chaises et ma table d'extérieur, enlève tout ce qui pourrait s'envoler et venir briser une vitre, ainsi que le porte-parapluies de l'entrée. Nous avons acheté de quoi manger pour le lendemain. Voilà, il pouvait à présent souffler, pleuvoir. Au jour d'aujourd'hui, le Japon est de nouveau en alerte avec les infos en boucle à la télévision, écoles fermées, comme entreprises, magasins... Le haut-parleur du quartier nous prie d'éviter au maximum de sortir de chez nous.

Cette nuit, un bruit de pluie dense me réveille "Ssssss". Non, fausse alerte, ce n'était que le ventilateur. Ce matin, un rayon de soleil transperce ma fenêtre de papier. Il fait nuageux certes, mais pas une once de vent, pas plus de typhon que je ne suis le pape!  Bientôt midi, toujours pas de vent mais il pleut des cordes maintenant avec 32 degrés. Mon employeur vient de m'appeler pour me dire de ne pas venir. On verra.

Je suis donc à présent bronzée, imprégnée d'été européen que j'aime, même si la canicule a été vraiment dure, d'un soleil assommant qui brûle et tape à la verticale, si fort que même les terrasses ombragées n'apportaient que peu de fraicheur. Au Japon, c'est plutôt l'humidité qui est en cause, qui donne cette chaleur en forme de nuage enveloppant, qui ramollit, qui fait fondre à la manière d'une étuve, un sauna. "Sauna gratuit" disent les âmes positives! Bref, j'ai été euphorique de retrouver à nouveau toutes mes valeurs, ces villes qui ont un coeur, une histoire, une architecture, où le son des accordéons et violons résonnent sur les vieilles pierres, où les gens sont détendus, en tenues estivales colorées et se prélassent en toute convivialité autour d'un verre, un bon repas dans l'air du temps. Des scènes évidentes qui pourtant ne vont pas de soi au Japon et que j'appellerais, du moins d'après mes valeurs: "qualité de vie". Zürich, où, pour commencer mon voyage j'ai glissé, par une pente de vase, tout habillée dans le lac, Côme, ses villas, son lac et ses paysages de rêve, Milan, la forêt de pierre de la terrasse de sa cathédrale où j'ai failli m'évanouir de chaud, Cinque Terre d'Italie avec ses 5 croquignolets villages colorés blottis au fond de criques, excepté Corniglia recouvrant une colline, où j'ai aimé dîner sur les petites terrasses dans un décor digne d'un set de cinéma, déambuler dans les petites venelles ombragées 'caruggi "où résonnent les voix en Italien, Monterosso al Mare où j'ai aimé nager dans les eaux de Jade au son des cloches de la petite église tout près de la mer, ces sentiers à flanc de falaise surplombant le bleu immense de la Méditerranée, respirer, m'enivrer du parfum des feuilles de figuiers chauffées par le soleil, suave, ambré, légèrement amer, le village d'Eze hautement perché qui surplombe la Côte d'Azur et ses myriades de bateaux blancs, la fraîcheur des eaux de Céladon de Nice, Mandelieu-la-Napoule et la plage de son château, d'où l'on voit, la nuit, Cannes scintiller au loin tel un écrin doré, à nouveau le charme du petit village et du petit port de Cassis qui sent bon la lavande, les olives et le savon de Marseille, chant murmurant des cigales, randonnée sur les caillasses claires et escarpées des Calanques qui ont eu raison de mes chaussures de marche où la semelle s'est décollée, vue époustouflante sur En Vau, la plus belle, comme un joyau mouillé et vibrant au milieu de la sècheresse, son eau verte et bleue si claire que les bateaux semblaient en suspension et que leur ombre se dessinait au fond, l'Alsace, sa mer de vignes et sa lumière jaune, son soleil à peine piquant et miellé, qu'aiment les abeilles, Colmar, sa vieille ville comme sortie d'un conte pour enfants avec ses maisons à colombages colorées et garnies de géraniums, ses pavés, ses enseignes, sa charcuterie ses plats à la crème et au fromage qui tiennent au ventre l'hiver, son vin blanc frais et délicatement parfumé, ma famille... Voilà, vivre au Japon, me fait à chaque fois m'émerveiller de tout cela, voir et sentir des choses qui m'étaient alors, avant de m'expatrier, indifférentes et banales.

Mais ce voyage, comme tous les voyages a, bien entendu, eu sa part de désagréments stressants, qui cette fois, relevaient plus de la SNCF que d'autre chose avec nos grosses valises: escaliers dans les trains parfois trop ou pas assez climatisés, aux fenêtres sales, escaliers dans les gares aussi avec passages souterrains empestant l'urine, car pas toutes équipées d'ascenseurs ou d'escalators, quai de départ annoncé parfois 5 minutes avant le départ, trains en retard une fois sur trois, en panne, supprimés, qui se divisent en chemin. TGV supprimé de Marseille d'où il fallut aller, à l'aide d'un autre train, en rejoindre un autre à Aix-en-Provence, et celui-ci est arrivé avec 40 minutes de retard! L'amie japonaise qui m'accompagnait n'en revenait pas. "Au Japon, une pareille situation avec le Shinkansen ferait la une du journal télévisé!". J'ai du mal à y croire, en 2018, le voyage en train en France, ne relève peut-être pas de la préhistoire, mais bien de l'Antiquité! Comme je suis heureuse et soulagée de retrouver les trains japonais!

Sinon, monde incroyable sur certaines plages où les serviettes se touchaient presque. Cassis notamment, du jamais vu pour moi qui n'étais jamais allée en Provence à cette période de l'année. Et là, mon amie japonaise, surprise par les châteaux de sable que construisaient les enfants avec leurs tours en seaux renversés reliés de petits murs qu'ils pressaient de leurs mains: "Au Japon, les châteaux ne sont pas comme ça, et à la plage, on n'en construit pas, on fait des Yama (montagnes)!". C'est vrai, je n'y avais jamais porté attention! Bon sang, autre culture, autres châteaux et autres édifices de plage même!

 

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G
Vous avez fait une jolie balade en Europe. Ton amie japonaise a t-elle aimé l'Alsace ? <br /> Les vendanges ayant commencé, vous avez dû sentir le parfum de l'automne arriver... Quoique, aujourd'hui, il fait bien beau avec ses 25°C au compteur. <br /> Tu as raison, quand on vit en permanence à un endroit, on ne se rend plus forcément compte des petits bonheurs et des différences qu'il émane.<br /> <br /> NB: J'aurais un petit service à te demander, sais-tu lire la calligraphie japonaise ? Si oui, je t'explique tout ça par mail. ☺<br /> <br /> Bises et à bientôt !
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K
Coucou! Tu vas bien? Oui, mon amie japonaise a adoré Colmar et tout le reste ! Aaah, les vendanges, je les avais faites une fois chez mon oncle quand j'étais enfant! Pour la calligraphie, non, c'est trop difficile pour moi, désolée. Autant je parle le japonais courant au quotidien, autant je le lis très mal. Les caractères Kanjis ressemblent toujours encore a des hiéroglyphes pour moi! Profite bien de l'automne alsacien! Bientôt le vin nouveau et les noix mmmh. Et maintenant la tarte aux mirabelles et aux quetsches que j'ai pu manger avant de partir, miam!