Chroniques : Le 17 août 2019
Etonnantes cigales
Bonjour,
Dans l'air de la fin de l'après-midi, un peu moins chaud qu'en pleine journée, mais dense tout de même, qui pose son film de sueur moite sur la peau. Le ciel est bleu, un avion blanc au loin s'envole. Je suis assise à la table de mon salon de jardin, sur mon balcon devant mes pots de fleurs bleues, de persil et de basilic dont les feuilles sentent délicieusement bon. J'en parfume mes mains en effleurant ses feuilles. Tout autour, c'est un bain de chant de cigales au son doux, ponctué par d'autres, celles qui annoncent la fin de l'été. "Ts ts ts couiiiik" font-elles alors que les Japonais certifient qu'il s'agit de "Tsukutsuku boooosh". Il y a beaucoup d'arbres autour de chez nous, et le matin, nous nous réveillons comme immergés au milieu d'un intense concert, un déluge, une tornade de sons comme issus de petits jouets électriques. Mais, c'est curieux, cette année, les cigales "Miiin Miiin" de début de saison ne se sont pas fait entendre... Il y aurait pléthore de sortes de ces insectes chanteurs, selon les dates et les régions du pays.
Celles que nous entendons le matin sont appelées "Kumazémi", littéralement "cigales ours" probablement à cause de leur imposante taille.
Voici les Tsukutsuku booosh de la mi-août...
... et les "Miiin Miiin" qui ont fait défaut cette année.
Là, c'est le Higurashi, "du coucher de soleil". J'aime beaucoup son chant un peu mélancolique comme lancé à travers les forêts de montagne, au crépuscule.
Voilà, maintenant tout tout tout, vous savez tout sur les cigales... enfin presque. Je ne fait pas trop dans la recherche scientifique et l'analyse pragmatique, je préfère la poésie des choses, ... peut-être trop, je l'admets. En tout cas, ce que je sais c'est que seuls les mâles chantent, crient, elles se nourrissent de la sève des arbres, des plantes en la suçant à travers une seringue qui se situe entre leurs pattes antérieures, leur vie éphémère ne dure que quelques jours. Souvent, il arrive de croiser l'un de leurs gros cadavres sur le sol, couchés sur le dos, leurs pattes repliées sur leur abdomen, telles des momies, triste spectacle que j'ai mal supporté devant ma porte un matin. Par le bout d'un long parapluie, j'ai voulu l'éloigner, la projeter plus loin. Mais, dès l'impact sur le flanc de l'"animal", car sa taille indécente ne mérite pas l'appellation d'"insecte, il a bondi en une fraction de seconde, s'envolant dans les airs en émettant un long cri grattant et effrayé. J'avais ressuscité une cigale! Joie!
La chaleur torride de l'été
Nous sommes à l'apogée de l'été, la consécration, et il fait chaud mes amis, ça ne rigole pas du tout. Lorsque l'on sort d'un espace climatisé, l'atmosphère nous enveloppe comme une laine diaphane, agréable même. On se dit alors que cela est supportable. Puis, peu à peu, ce "manteau" se met à coller, presser, jusqu'à nous faire suinter fébrilement. En ville, dans les sites touristiques, les visages croisés sont luisants, leurs traits ont perdu leur ressort et, avec la bouche entrouverte, pendent lamentablement d'accablement. Parfois, quelques uns sourient de satisfaction, jouissant de la fraîcheur de l'un de ces petits ventilateurs portables à piles comme c'est la mode cette année, brandis devant leur menton.
C'est au milieu de cet impitoyable cagnard que j'ai été envoyée faire le guide à Nara et à Kyoto, que je ne vous conseille vraiment pas chaleureusement en cette saison . Oui, évitez l'été, car les hautes températures avoisinant parfois les 40 degrés conjugués à l'humidité ambiante sont à tomber, et, d'ailleurs, il y en a qui s'effondrent, pris de coups de chaleur. Les ambulances en ramassent tous les jours. Et là, j'ai eu un peu peur que la prochaine sirène soit pour moi.
Rinn
Kyoto, traditionnelle et élégante Kyoto... Pour la deuxième fois, j'ai eu l'occasion de dormir dans l'un de ces nombreux hôtels de charme de la récente chaîne Kyotoïte: Rinn, que je vous conseille vivement pour un séjour en immersion dans l'ancienne capitale. En effet, ils proposent de petits hôtels, locations de maisons, dans le concept de "séjourner dans la ville comme si l'on y habitait", c'est à dire dans des maisons traditionnelles de bois aux intérieurs simples et décorés avec soin dans le style local. Tout est joli, chaleureux et très très propre. En fermant un oeil sur la petitesse de certaines chambres où il est difficile d'étaler sa valise, l'accueil un peu strict, c'est parfait!
Kansaijin depuis le Japon caniculaire
Pour davantage encore d'immersion au coeur du Japon, mon livre :)
Une année de ma vie au Japon - Mon exil - Anna Fujimoto
Ce fut pour Anna Fujimoto comme une intuition, une évidence, elle voulait faire sa vie au Japon. Voici donc une année de son existence au cœur du pays du soleil levant, une drôle de "planète" ...
https://www.edilivre.com/une-annee-de-ma-vie-au-japon-mon-exil-anna-fujimoto.html/